Frédéric TURLIER et ses usages de MAPublisher, Geographic Imager et Global Mapper au sein de Cartonord

En ce début d’année 2025, nous avons le plaisir de vous proposer le témoignage passionnant d’un cartographe-illustrateur outillé du trio MAPublisher, Geographic Imager et Global Mapper ! Frédéric TURLIER, fondateur de Cartonord, revient sur son parcours et présente ses pratiques logicielles en rappelant l’importante complémentarité des outils essentiels au cartographe (souvenez-vous, il y a quatre ans, du partage d’expérience de Pascal LE BONHOMME, facteur de globes chez LITAVIS, dans cette même rubrique).
(1) Pour commencer, pouvez-vous présenter Cartonord ?

L’agence est à la croisée des deux mondes entre le travail technique du cartographe et le travail de créateur graphique pour essayer de faire des cartes qui soient agréables à regarder et utiliser, mais toujours avec un souci de grande précision et fiabilité.
Illustration 1. Plan de la commune de Sannois
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Illustration 2. Carte topographique des balades sur la commune de Valbonne
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(2) Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel et vos missions actuelles ?
Mon début d’activité pourrait relever du hasard. À l’issue de ma maîtrise en géographie, mon lancement sur le marché du travail n’a pas été simple ! J’ai vu passer une offre d’emploi chez une agence de communication qui recherchait un cartographe pour réaliser des cartes financées par de la régie publicitaire. N’ayant, à l’époque, aucune expérience dans la cartographie d’édition, l’ANPE (l’agence nationale pour l’emploi) n’avait pas voulu me mettre en contact avec cette entreprise dans un premier temps. Il faut dire que mes études de géographie étaient plutôt éloignées du milieu de l’édition cartographique. C’était par ailleurs le début des SIG sur lesquels je n’avais suivi qu’un seul module de formation à l’université. Mais le côté créatif de ce métier m’intéressait beaucoup, j’ai toujours énormément aimé le dessin. Finalement, comme l’annonce ne trouvait pas preneur, une conseillère de l’ANPE m’a laissé tenter ma chance. C’est ainsi que j’ai pu rencontrer le PDG de l’agence en question qui m’a alors dit : « Si vous vous mettez à votre compte, je m’engage à vous donner du travail régulièrement ». N’ayant rien à perdre, j’ai dit « banco » ! Dans la foulée, je me suis fait financer une formation d’une semaine sur Illustrator, en version 5.5 à l’époque, au cours de laquelle j’ai pu réaliser ma première carte sur la base d’un cas concret. À l’issue, je prenais mes premières commandes et la collaboration a duré 17 ans.
Ensuite, l’enseigne a été rachetée par un groupe national. Je devais produire beaucoup de cartes en peu de temps. J’avais l’impression que mon travail n’était pas reconnu à sa juste valeur. Je voulais faire évoluer les cartographies graphiquement, qu’elles soient à la fois plus techniques, visuelles et travaillées. Mais cela ne collait pas au modèle économique de ce groupe. Je me suis petit à petit senti à l’étroit. En 2014, j’ai donc pris la décision, d’arrêter la sous-traitance et de créer Cartonord®.
Depuis, je peux faire exactement ce que je veux ! Sur toutes les cartographies que je propose, je peux m’exprimer comme je le souhaite en accordant une grande importance à l’aspect graphique. Depuis 10 ans, le style et la technique de mes cartes n’a de cesse d’évoluer grâce, notamment, à MAPublisher qui est devenu un outil incontournable pour moi.
Mes missions sont de plusieurs ordres et permettent de maîtriser toute la chaîne de réalisation des cartes. L’aspect commercial est important ; il consiste à faire connaître la marque Cartonord® et mon travail. C’est une première chose. Ensuite, le conseil au client est une étape non négligeable : comment appréhender un territoire afin de le mettre en valeur ? Vient alors le travail de réalisation, c’est-à-dire la recherche et la mise en forme de la donnée avant la phase de graphisme. Intervient enfin la relation avec les prestataires extérieurs, tels que les imprimeurs, pour l’édition sur tout type de supports et à tous les formats. Depuis quelques années, je travaille avec la collaboration d’un développeur pour la réalisation de cartographies interactives. En somme, mon métier est loin d’être routinier, grâce aussi aux territoires que je cartographie et aux attendus de mes clients qui ne sont jamais les mêmes.
La veille technologique est aussi importante. Elle vise, notamment, à optimiser le process de travail mais aussi à améliorer les cartographies. Par exemple, j’ai toujours travaillé sous Illustrator, mais à l’époque nous n’avions pas l’accès aux données comme nous l’avons aujourd’hui. Auparavant, il n’était pas rare de devoir scanner le cadastre pour commencer une carte. Il arrivait même que des clients se présentent avec des rouleaux de feuilles entières ! Aujourd’hui, un logiciel comme MAPublisher a toute son importance. Je suis régulièrement ses mises à jour. En effet, au fur et à mesure qu’Illustrator évolue, il faut aussi faire évoluer MAPublisher. Les deux avancent en parallèle. C’est un outil incontournable d’autant plus que beaucoup de données sont accessibles directement en flux dans Illustrator, d’où un gain de temps non négligeable.
(3) À l’origine, pourquoi vous êtes-vous orienté vers les solutions MAPublisher, Geographic Imager et Global Mapper ?
Je ne me souviens plus dans quelles circonstances exactement je les ai connus. Concernant MAPublisher, qui est le premier outil SIG avec lequel j’ai travaillé, mon tout premier contact avec Alain Olivier Géomatique remonte au printemps 2002. Je cherchais à l’époque un plug-in pour Illustrator et j’ai dû tomber sur lui en fouillant sur internet. Cela a complètement changé ma façon de travailler. Avant, j’avais un format de papier et il fallait que la carte entre à l’intérieur. Cela impliquait parfois de déformer la carte.
L’échelle ne figurait pas toujours. Je n’étais jamais satisfait. Grâce à MAPublisher, je peux cartographier dans les règles de l’art, avec des projections et des échelles, quelle que soit la taille de la carte. Quelquefois, j’ouvre de vieux espaces de travail Illustrator et je constate avec bonheur qu’ils comportent une MAP View. Cela me rappelle que j’utilisais déjà MAPublisher à l’époque de leur création, mais surtout je peux les utiliser très facilement comme base pour créer de nouvelles cartes.
Pour Geographic Imager et Global Mapper, c’est venu plus tard… lié au besoin de travailler des images (pixels) géoréférencées grâce à la puissance de Photoshop pour le premier, et au besoin d’outils spécifiques aux SIG puissants comme l’analyse de terrain, la 3D par exemple, sans avoir à débourser des sommes astronomiques pour le second !
(4) Aujourd’hui, quels usages avez-vous de Global Mapper, Geographic Imager et MAPublisher ?
▸ J’utilise Global Mapper depuis une dizaine d’années, notamment pour préparer mes fonds de cartes. Il me permet d’extraire de l’imagerie, d’assembler des MNT, de créer des courbes de niveau et de travailler sur l’éclairage du relief. En jouant sur l’orientation et la hauteur du soleil avec l’outil d’ombrage dynamique, je peux en effet décider des versants que je souhaite mettre en lumière (illustration 3). Il me permet aussi de faire des vues en 3D pour les cartes en relief.
Illustration 3. Préparation et mise au point de l’éclairage d’un MNT dans Global Mapper
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▸ Spécialisé dans le traitement des pixels, Geographic Imager associé à Adobe Photoshop me permet ensuite de retravailler et d’optimiser les données raster issues de Global Mapper tout en préservant leur géoréférencement (illustration 4).
Illustration 4. Préparation et mise au point d’un MNT dans Photoshop avec Geographic Imager
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▸ C’est alors qu’intervient MAPublisher. C’est lui qui me permet de poser un territoire. La première étape consiste à définir le format de papier, puis à intégrer les données accumulées dans au moins une MAP View (vue cartographique) grâce à laquelle je vais pouvoir définir l’échelle, le placement et éventuellement la rotation de ma carte. Beaucoup de sources vectorielles sont disponibles pour travailler efficacement à condition de les recouper et de les vérifier car elles ne sont pas toujours exactes. Pour la réalisation de Topoguides, je fais l’acquisition des traces GPX directement auprès des personnes qui les génèrent (illustration 5). J’attache en outre une grande importance à la justesse de l’information. À mon sens, beaucoup trop de cartes qui circulent sur le web sont fausses et/ou ne sont pas à jour. Aussi, je travaille toujours en étroite collaboration avec les services d’urbanisme et du cadastre du territoire que je cartographie (illustration 6). Et lorsqu’un doute persiste (Telle route était-elle bien carrossable ? S’agit-il d’une impasse ?), je n’hésite pas non plus à me déplacer sur le terrain pour vérifier l’information. Il faut reconnaître que Google Maps et ses images satellites aident bien aussi !
Illustration 5. Importation et mise en forme d’une trace GPX dans la MAP View et finalisation d’une planche pour un topoguide
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Illustration 6. Calage et mise à l’échelle d’un fond cadastrale en fonction du format d’édition final dans la MAP View
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Une fois toutes mes données intégrées à MAPublisher, s’ensuit un gros travail de tri et d’organisation des calques (illustration 7). Par ailleurs, les données vectorielles doivent souvent faire l’objet d’un processus d’allégement : l’outil Simplification me permet de réduire le nombre de points qui composent les entités de surface ou de ligne tout en gardant un tracé le plus fidèle possible à la réalité. Également, prenons l’exemple d’un réseau routier issu de la BD TOPO de l’IGN : celui-ci est constitué de polylignes. Les attributs étant conservés dans MAPublisher, je peux utiliser l’outil Join Lines pour fusionner les segments qui possèdent une même valeur d’un champ commun.
Illustration 7. Carte du réseau inter urbain de la métropole Aix Marseille Provence
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Commence alors la mise en couleur et l’étiquetage de la carte que j’essaie d’automatiser au maximum. Les styles et symboles d’Illustrator me sont très utiles pour cela car je les retrouve, notamment, dans les outils MAP Themes (pour styliser) et Label Features (pour étiqueter). MAPublisher est vraiment parfait pour ce type de tâches. En parlant d’étiquetage, j’ai d’ailleurs, à un moment donné, fait l’acquisition d’une licence de MAP LabelPro que j’ai trouvé très technique et dont je ne me suis finalement pas servi. C’est sans doute un tort car je suis sûr qu’il me ferait gagner du temps pour étiqueter, par exemple, les réseaux de transports urbains. Je pense que je vais remettre son acquisition à l’ordre du jour, mais en suivant une formation cette fois-ci, de manière à être rapidement opérationnel.
Enfin, lorsque les données sont mises en forme, vient l’étape d’habillage de la carte. Je génère les légendes, je crée la barre d’échelle (avec l’outil Scale Bar), je procède à l’orientation de la carte si cela n’a pas déjà été fait (dans la fenêtre d’édition de la MAP View), etc. L’outil Grids and Graticules m’est aussi très utile pour créer des carroyages et générer des index sur les plans de ville. C’est d’ailleurs peut-être l’outil de MAPublisher qui, à mon avis, a le moins évolué. Il permet, là encore, de gagner beaucoup de temps, mais il reste à mon goût un peu trop de travail manuel à réaliser pour affiner l’indexage.
▸ Pour être très complet, j’ajouterais que, dans ma boîte à outils, figurent aussi Google Earth pour la création de cartes en perspectives ainsi que QGIS. Je me suis récemment associé à un ingénieur pour développer des cartes interactives. Cet ingénieur travaillant avec QGIS, je l’utilise également pour visualiser, corriger et transformer les couches issues d’Illustrator dont les tracés transparents peuvent présenter des erreurs en format GeoJSON.
J’ai en effet décidé de jouer la carte de la complémentarité entre le papier et le digital qui, au passage, est un terrain qui m’intéressait aussi. Je pense d’ailleurs que les deux mondes cohabitent très bien, la carte papier a encore de beaux jours devant elle ! Certaines sont imprimées à plus de cent mille exemplaires ! Regarder une carte sur un dépliant aux dimensions 80x60, c’est quand même plus agréable que sur un écran de 5 pouces. On peut mettre beaucoup plus de choses sur ce type de support, on a une vue d’ensemble, on peut prendre de la hauteur par rapport à la situation géographique et à l’environnement. Quand je me déplace, que je vais en vacances, je vais toujours demander les cartes imprimées des endroits que je visite. Sans doute une déformation professionnelle. J’adore voir comment sont traitées les cartes, partout, que ce soit en France ou en Europe ou même à l’étranger quand j’ai la chance de voyager. Cela étant dit, je pense qu’il faut être présent sur le net où il existe beaucoup d’outils de cartographie : OpenStreetMap, Google Maps… Mais des outils avec une valeur ajoutée graphique, je n’en vois pas beaucoup. J’essaie donc depuis 4 ans de développer ce secteur-là.
(5) Pour terminer, quel est votre outil préféré de MAPublisher, Geographic Imager et Global Mapper 😊 ?
Je suis un autodidacte de MAPublisher. J’ai appris à l’utiliser par tâtonnements, je continue d’ailleurs à le découvrir, et c’est ainsi que je me suis construit une routine de travail. Je suis bien loin de l’exploiter au maximum de ses possibilités. Il n’empêche que nombre de ses outils sont devenus indispensables pour moi. Il me serait très difficile de ne citer qu’un seul préféré ! La fenêtre des MAP Views me permet de changer d’échelle très facilement, je ne pourrais plus m’en passer. Grâce à l’outil Copy Map Objects From je transfère en un clin d’œil les calques d’un projet Illustrator vers un autre (illustration 8). Je ne pourrais pas découper mes cartes aussi proprement sans l’outil MAP Vector Crop (illustration 9). L’outil MAP Selection me permet de faire très facilement des requêtes attributaires.
Illustration 8. L’outil « Copy MAP Objects From » pour récupérer des calques d’une carte et les réutiliser dans une autre à une échelle différente
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Illustration 9. L’outil « Crop » pour la découpe d’une planche carto avant son utilisation dans un autre document
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MAPublisher est par ailleurs un logiciel très appréciable pour distinguer les nouvelles données des anciennes et ainsi mettre à jour une carte. J’ajouterais, pour terminer, qu’associé aux machines surpuissantes d’aujourd’hui, c’est un outil très confortable. Après avoir travaillé pendant sept ans avec un iMac très puissant, mais à bout de souffle, je suis récemment passé sur un Apple M2 avec un Mac Studio. C’est une autre dimension ! Avec 64 Go de RAM, je peux traiter les données d’un département sans problème. C’est époustouflant. C’est un confort inestimable qui me permet de passer moins de temps sur la technique au profit de la créativité.
Dans Geographic Imager, l’outil que j’apprécie tout particulièrement est celui de changement d’échelle et de projection : Transform. Je travaille souvent avec des images qui sont dans des projections différentes. Il me permet donc d’uniformiser toutes mes sources raster.
Quant à Global Mapper, je le disais précédemment, j’aime son outil d’ombrage dynamique qui me permet de travailler la lumière des MNT et ainsi de mettre en valeur certains reliefs.
▸ Un grand merci à Frédéric pour son témoignage ! Retrouvez toute l’actualité de Cartonord à cette adresse.
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